Que serait le canal du Midi sans ses emblématiques platanes ? Si aujourd’hui on ne l’imagine plus sans ces arbres, ils n’ont pas toujours fait partie du paysage. Il faut savoir que le canal du Midi, c’est 45 000 arbres, majoritairement des platanes, mais aussi des cyprès, et autre essences plantées le long des berges.
Retraçons la fabuleuse histoire des platanes du canal du Midi, avant de se poser la question de leur avenir malheureusement fatal.
De la construction du canal du Midi à la plantation des platanes
Au moment de la construction du canal du Midi, entre 1666 et 1681, il n’y avait pas d’arbres de prévus sur les berges. Pierre-Paul Riquet, à l’origine de sa construction, est nommé Seigneur par le Roi, de ce fief de 240 km de long, sur environ 40 mètres de large. Il louait ces terres aux fermiers du coin qui en ont fait des potagers, ou des champs de céréales. Il y avait alors très peu d’arbres sur les plats-bords du canal du Midi.
Les successeurs de Pierre-Paul Riquet firent planter des mûriers et des saules. Ces plantations avaient un double objectif : stabiliser les berges du canal, et inciter à l’élevage du ver à soie. Bien que ce n’était pas le but, la plantation de ces arbres a apporté bien du confort à ses usagers. La navigation sur le canal est devenue bien plus agréable, notamment en été, sous l’ombre de ces arbres.
Mais quand la production de la soie a pris fin dans les années 1770, les mûriers sont remplacés par les peupliers d’Italie, plus productifs en bois qui servait à fabriquer des bateaux et à se chauffer. A côté des maisons éclusières et des ouvrages d’art, on trouvait des arbres fruitiers. On trouvait aussi sur le canal du Midi, quelques pins et cyprès. Le canal du Midi était très végétalisé. A la Révolution, on comptait environ 100 000 arbres contre 45 000 à l’origine.
C’est sous Napoléon, au premier quart du XIXème siècle que furent plantés les premiers platanes sur le canal du Midi. Cet arbre d’alignement était très utilisé sur les routes pour faire de l’ombre aux soldats, qui arrivaient moins fatigués par le soleil sur les champs de bataille. Au départ, les platanes étaient plantés pour remplacer chaque arbre coupé. A partir de 1860, une grande campagne de plantations est lancée. Le canal était alors géré par la compagnie des chemins de fer du Midi qui exploitait également ces arbres.
L’arrivée du chancre coloré
Le chancre coloré est un champignon destructeur, qui s’attaque aux platanes. Cette maladie est incurable, aucun vaccin n’a pu être trouvé malgré les nombreuses recherches.
Le chancre coloré serait arrivé dans le Midi en 1945, dans les caisses de munitions des soldats américains lors des débarquements en Provence. Le champignon s’est surtout développé en région PACA, avant de se déplacer vers le Languedoc-Roussillon.
Les platanes du canal du Midi sont officiellement touchés depuis 2006. Entre 2006 et 2011, Voies Navigables de France (VNF) a tenté de contenir le phénomène, en faisant abattre et brûler, petit à petit les arbres malades, mais en 2011, la maladie s’était propagée à grande vitesse. Fin 2020, plus de la moitié des platanes (26 000 sur les 42 000) étaient abattus. Certaines municipalités essayent de résister, pour conserver la si jolie carte postale, mais inéluctablement tous les platanes devraient disparaître du canal d’ici 2035.
Quel avenir pour les arbres sur le canal du Midi ?
VNF replante systématique de nouveaux arbres à la place des platanes abattus : chênes chevelus, micocouliers, érables, tilleuls ou encore peupliers blancs. Mais il faut laisser le temps à la nature, et la si jolie voûte arborée mettra des décennies à se dessiner à nouveau, et procurer l’ombre si appréciée des plaisanciers.
Les 1ers arbres plantés donnent déjà de l’ombre, et certains secteurs restent encore plutôt préservés, ce qui n’enlève rien au charme du canal du Midi, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Envie de partir à la découverte du canal du Midi en bateau habitable sans permis ?
Les Canalous vous propose 4 bases de départ sur l’emblématique canal du Midi :