Petites histoires de construction des canaux en France
Solène, canal reporter, 16 octobre 2020
Le 3ème week-end d’octobre, ce sont les journées nationales de l’architecture. C’est pour nous l’occasion de mettre en valeur les grands ingénieurs et constructeurs, qui ont participé à la construction ou à l’amélioration des voies navigables en France.
L’invention et le perfectionnement des écluses
Commençons cette série par l’histoire de la construction de l’un des emblèmes des canaux : l’écluse.
L’utilisation des écluses, ces ouvrages permettant aux embarcations de monter ou de descendre pour franchir une modification de dénivelé, remonte à plus de 2000 ans. On attribue l’invention de l’écluse à sas à un commissaire aux transports chinois, ingénieur à ses heures : Qiao Weiyue en l’année 984. Auparavant le système d’écluses existait déjà mais c’était une simple porte installée dans un barrage qui permettait de déverser de l’eau en aval pour augmenter le niveau du cours d’eau, ce qui demandait une quantité phénoménale d’eau.
En Europe, la première écluse à sas aurait été construite aux Pays-Bas. Les italiens se sont ensuite intéressés à ce système et l’ont largement amélioré.
En France, ce fut Léonard de Vinci qui implanta les premières écluses à sas. Et, même s’il n’est pas l’inventeur originel du mécanisme de l’écluse, il en apporta un perfectionnement majeur : les deux paires de portes busquées. C’est-à-dire deux portes d’écluse formant une pointe pour résister à la pression de l’eau lors du remplissage.
A partir du XVIème siècle, les premières écluses sont construites en France sur l’Ourcq, la Vilaine et sur le Lot, première rivière française totalement aménagée avec cette nouvelle invention.
Aujourd’hui, les portes busquées sont tellement efficaces qu’elles sont toujours courantes dans tous les canaux à travers le monde.
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Le canal Nantes à Brest, une construction non-prioritaire devenue stratégique
Continuons cette série d’histoires consacrée à la construction des canaux en France, par la construction d’un des plus longs canaux de France : le Canal de Nantes à Brest.
L’histoire de la construction des canaux en Bretagne a commencé au XVIème siècle avec la volonté, lors de l’union du Duché de Bretagne avec le Royaume de France, de rendre navigable la rivière La Vilaine afin de relier la capitale bretonne au Golfe de Gascogne.
L’intérêt économique de désenclaver les petites communes du centre de la Bretagne, en construisant un canal d’ouest en est, est aussi sur la table, mais avortera faute de financements.
Il faudra attendre « la Commission de Navigation Intérieure » en 1783 pour que le projet de navigation entre Nantes et Brest ne soit remis au goût du jour.
Les travaux de construction ne débuteront qu’en 1804, sous l’Empire, pour des raisons stratégiques, à la suite de la reprise des hostilités avec l’Angleterre et le Blocus continental mis en place par Napoléon Ier entre 1806 et 1808. La supériorité sur les mers de la flotte anglaise force Napoléon Ier à assurer l’approvisionnement de l’arsenal de Brest et celui de Lorient par une voie fluviale, reliée à la Loire par Nantes.
Les travaux de construction sont titanesques. Le canal de Nantes à Brest fait la jonction entre quatre bassins fluviaux (Loire, Vilaine, Blavet, Aulne), et huit rivières (Erdre, Isac, Oust, Blavet, Kergoat, Doré, Hyères, et Aulne). Le canal de Nantes à Brest compte 3 biefs de partage des eaux (Bout-de-Bois : 19,83m, Hilvern : 128,71m, Tranchée de Glomel : 183,85m) et 236 écluses pour un parcours de 360 km.
Les travaux seront réalisés par des prisonniers de guerre espagnols, des soldats déserteurs, des bagnards de Brest, des paysans, et même des femmes et des enfants qui vont se fatiguer à la tâche pendant presque 40 ans. Le canal de Nantes à Brest est livré dans son intégralité à la navigation en 1842.
Aujourd’hui le canal de Nantes à Brest est toujours navigable. A retrouver au départ de nos bases de Redon, Saint-Nicolas-des-Eaux ou Rohan
Le chantier du XVIIème siècle : la construction du canal du midi
Terminons par l’histoire inspirante de Pierre-Paul Riquet, ce jeune fermier général, à l’origine DU chantier du XVIIème siècle : La construction du canal du midi.
Pierre-Paul Riquet naît en 1609 à Béziers, dans une famille de commerçants et de notables, son père fait partie du « conseil des 30 » de Béziers. Au début du siècle, son père s’était d’ailleurs opposé à la construction d’un canal reliant Narbonne à Toulouse, car le projet posait notamment des problèmes d’approvisionnement en eau.
C’est en novembre 1662 que Pierre-Paul Riquet présente à Colbert, chef de l’administration des finances et surtout homme de confiance du Roi Louis XIV, son projet de construction du canal. Sa connaissance parfaite du terrain lui permet de trouver des solutions à chaque problème posé par tous les projets précédents. L’enjeu est à la fois l’essor économique de la région et politique : les navires du Roi ne seront plus obligés de passer par Gibraltar en Espagne.
La construction du canal du midi, c’est toute sa vie. Il va même investir ses propres deniers, lorsque Colbert freine sous prétexte d’autres priorités. Il fera preuve d’obstination, allant même jusqu’à désobéir aux ordres de Colbert lorsqu’il le juge nécessaire.
Le canal du midi est inauguré en 1681, un an après le décès de Pierre-Paul Riquet. Il ne verra jamais la finalité de tous ses efforts. Ce sont ses 2 fils ainés qui ont poursuivit les travaux de leur père à sa mort.
Le canal du midi est à découvrir à l’occasion d’une croisière fluviale enchantée au départ de nos bases de location de bateau de Carcassonne, Homps, Colombiers ou Agde